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Papillomavirus : l’intérêt de vacciner jusqu’à 26 ans pour prévenir le cancer du col de l’utérus débattu

Contre les papillomavirus, il faudrait vacciner non seulement les adolescents, mais aussi les jeunes adultes, hommes et femmes compris : telle est la recommandation émise le 29 janvier par l’Académie nationale de médecine (ANM), qui se prononce en faveur « d’étendre et d’encourager la vaccination HPV en population générale jusqu’à 26 ans ». Les HPV – ou papillomavirus humains –, qui se transmettent par voie sexuelle, causent plus de 6 000 nouveaux cancers par an en France, dont près de 3 000 cancers du col de l’utérus à l’origine de plus de 1 000 morts, 1 500 cancers de la sphère ORL et 1 500 de l’anus.
En France sont disponibles le vaccin bivalent Cervarix, qui protège contre les virus de type 16 et 18, responsables de la plupart des cancers, et le nonavalent Gardasil, efficace aussi contre cinq types de virus supplémentaires. Aujourd’hui, la vaccination est recommandée pour l’ensemble des garçons et des filles de 11 à 14 ans. Selon Santé publique France, à la date du 31 décembre 2022, seulement 47,8 % des filles et 12,8 % des garçons nés en 2007 avaient reçu une dose sur les deux prévues pour cette tranche d’âge. Le vaccin est aussi recommandé, avec trois doses cette fois, pour les 15-19 ans en rattrapage et pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans.
Par la voix d’un porte-parole, la Haute Autorité de santé (HAS) dit prendre connaissance de l’avis de l’ANM sur ce « sujet très important ». Comme le mentionne son programme de travail pour 2024 publié le 18 janvier, la HAS compte étudier cette année l’éventualité de recommander la vaccination pour les femmes et les hommes de 20 à 26 ans, quelle que soit leur orientation sexuelle. Aux Etats-Unis, les centres de contrôle et de prévention des maladies et l’Agence fédérale de santé publique recommandent la vaccination pour tous jusqu’à 26 ans.
Pour fonder son avis, l’ANM souligne que « le risque d’infection à HPV perdure tout au long de la vie dans les deux sexes » et que « 50 % des cancers du col de l’utérus sont dus à des infections contractées après 20 ans ». Or, « si le bénéfice de la vaccination est optimal pour les personnes non infectées, il demeure important pour les personnes infectées ». L’Académie ajoute que « plusieurs études montrent l’efficacité et la bonne tolérance du vaccin entre 16 et 26 ans sur les lésions prénéoplasiques [états précancéreux] et les verrues génitales chez la femme et chez l’homme ».
L’ANM cite une étude parue dans le New England Journal of Medicine en 2020, qui a étudié les données d’environ 1,7 million de Suédoises âgées de 10 à 30 ans. Dans cette population, l’incidence cumulée du cancer du col de l’utérus à 30 ans atteignait 94 cas pour 100 000 femmes si elles n’étaient pas vaccinées, mais seulement 54 cas pour 100 000 si elles étaient vaccinées entre 17 et 30 ans. Les filles vaccinées avant 17 ans présentaient quant à elles une incidence cumulée de 4 cas pour 100 000 à l’âge de 28 ans.
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